La Journée mondiale de l’eau, établie par l’Organisation des Nations unies suite au sommet de Rio en 1992, célèbre cette année son 20ème anniversaire. En 2013, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré cette année « Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau ».
C’est sous ce thème que cet anniversaire est célébré aujourd’hui. Chaque année, la Journée mondiale de l’eau met en exergue un aspect particulier de l’eau, afin d’attirer l’attention sur son importance et sur la nécessité d’une gestion durable de nos ressources hydriques.
Le succès de l’Année internationale et de la Journée mondiale de l’eau repose sur l’implication active d’un large éventail d’acteurs, y compris les enfants, les adultes, les femmes, les secteurs économiques, les communautés autochtones et locales, ainsi que la société civile, les gouvernements, les décideurs, les organisations internationales, les organismes de financement et les médias… C’est véritablement « l’affaire de tous ».
La coopération dans le domaine de l’eau représente un pilier fondamental pour la paix et le développement durable, car elle contribue à réduire la pauvreté et à promouvoir l’équité, favorise des avantages économiques, tout en préservant nos ressources en eau et en protégeant notre environnement, contribuant ainsi à « construire la paix ».
En faisant de 2013 l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau, la communauté internationale reconnaît l’importance d’une gestion pacifique et intégrée des ressources en eau, en travaillant ensemble vers un objectif commun, de manière mutuellement bénéfique. Les efforts déployés par notre pays illustrent un engagement sérieux des acteurs publics et privés à promouvoir de manière proactive la gestion intégrée des ressources en eau.
Coopérer pour garantir l’accès à l’eau pour tous et préserver un environnement durable est aujourd’hui plus crucial que jamais ! Comme le souligne un adage local, « Il est plus facile et plus équitable de se répartir les bénéfices de l’exploitation de l’eau que l’eau elle-même. » En effet, pourquoi se livrer à des conflits pour s’approprier une ressource, si une gestion partagée permet non seulement l’accès, mais également une exploitation économique profitable ?
L’objectif est de sensibiliser sur les possibilités de développement de la coopération ainsi que sur les défis liés à la gestion de l’eau, face à une demande croissante d’accès, de répartition des ressources et de services d’approvisionnement. En raison de notre participation au dialogue interactif de haut niveau relatif à la coopération dans le domaine de l’eau à New York, les manifestations commémoratives de la Journée mondiale de l’eau se dérouleront dans la seconde moitié d’avril 2013.
Pour contribuer à cette mobilisation internationale, il est pertinent de partager avec le public les avancées réalisées par le gouvernement du Burkina Faso grâce à la coopération dans le secteur de l’eau, ainsi que les grands défis que la coopération devra relever dans les années à venir.
En effet, c’est en 1998 que le Gouvernement a adopté le document de « politique et stratégies en matière d’eau » et a commencé en 1999 un programme national de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE), qui a permis d’atteindre plusieurs résultats notables, notamment :
- L’adoption en février 2001 de la loi d’orientation relative à la gestion de l’eau,
- L’établissement d’un état des lieux des ressources en eau du Burkina Faso et de leur cadre de gestion,
- L’adoption du Plan d’Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) en 2003,
- L’adoption du Programme national d’approvisionnement en eau potable (PN-AEPA).
La GIRE repose sur l’idée que l’unité d’action pour la gestion des ressources en eau doit s’articuler autour du bassin hydrographique. En intégrant tôt les approches de GIRE, le Burkina Faso a enregistré des avancées significatives dans ce nouveau mode de gouvernance de l’eau, qui responsabilise tous les acteurs concernés. Ces progrès sont le résultat d’une coopération étroite entre toutes les parties prenantes engagées dans les enjeux liés à l’eau et à l’assainissement.
De plus, la mise en œuvre du PNAEPA et du PAGIRE découle d’une coopération structurée entre le gouvernement, les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile, le secteur privé et les collectivités territoriales.
Je profite de la célébration de la Journée mondiale de l’eau pour exprimer ma profonde gratitude à toutes les parties prenantes du secteur de l’eau et de l’assainissement pour la qualité de notre coopération, qui est la clé de tous les progrès réalisés jusqu’à présent.
Le concept de GIRE a été concrétisé le 22 mars 2007, par la création de l’agence de l’eau du Nakanbé, à laquelle se sont ajoutées quatre autres agences de bassin qui sont actuellement en cours de mise en œuvre.
La création de ces agences de bassins sur l’ensemble du territoire incite les acteurs de l’eau à adopter une gestion concertée, intégrée, équilibrée et durable des ressources en eau, visant à mieux répondre aux besoins des populations et de tous les utilisateurs de cette ressource.
La plupart des gouvernements des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont réaffirmé la nécessité d’actions coordonnées pour protéger les populations vulnérables et l’environnement naturel, y compris l’utilisation durable des eaux de surface et souterraines.
Dans le cadre du bassin du fleuve Niger, le Burkina Faso s’engage pleinement dans cette démarche. C’est pourquoi il a ratifié la Charte de l’eau du bassin du fleuve Niger dès 2007, visant, à cette échelle, une coopération basée sur la solidarité et la réciprocité pour une utilisation durable, équitable et coordonnée des ressources en eau.
Aujourd’hui, la sécurité de l’eau pour l’humanité et l’environnement naturel occupe une place centrale dans la majorité des dialogues internationaux sur l’eau.
C’est pourquoi, les organisations internationales, régionales et nationales doivent plus que jamais encourager la coopération entre les pays pour une gestion rationnelle des ressources en eau.
L’adhésion complète du Burkina Faso à la Charte de l’Autorité du bassin des Volta (ABV) participe à la mise en œuvre de cette vision partagée.
Cependant, le chemin vers une gestion intégrée et durable de nos ressources en eau est encore long. Les efforts à fournir pour garantir des services durables d’eau potable et d’assainissement pour tous les Burkinabè demeurent considérables. Ces défis majeurs nécessiteront une mobilisation et un engagement renforcés de la part de tous les partenaires du gouvernement et de toutes les parties prenantes. Le gouvernement est déterminé à promouvoir la coopération dans le domaine de l’eau en créant des conditions propices à une contribution optimale de tous les acteurs aux ambitions du secteur.
Le Ministère de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l’Assainissement veillera à l’efficacité de la coopération en développant des modalités adaptées aux contraintes spécifiques de notre secteur. Pour cela, le Ministère s’efforcera dans les années à venir d’améliorer les mécanismes de dialogue au sein du secteur, conformément aux directives de la SCADD, car un dialogue sectoriel efficace est une condition préalable à une coopération fructueuse.
L’occasion me semble idéale pour remercier l’ensemble de la communauté internationale et particulièrement la coopération décentralisée des pays du Nord, ainsi que la coopération bilatérale et multilatérale qui, sous diverses formes, ont soutenu la GIRE dans notre pays. À travers ces acteurs, puissent tous les autres partenaires s’y reconnaître et en être remerciés.
Le Burkina Faso a toujours besoin du soutien de la communauté internationale, de toute nature, pour avancer vers une déconcentration des services de gestion de l’eau et des agences de bassin dynamiques qui transforment la gestion de l’eau via une approche holistique, équilibrant les demandes concurrentes sur les plans domestique, agricole, industriel, énergétique, sanitaire et environnemental, tout en s’imposant comme un outil efficace pour résoudre tout conflit, même potentiel, lié à la gestion sectorielle de l’eau, afin de favoriser la coopération dans l’intérêt supérieur de tous. Cela représente, à mes yeux, un gage de progrès social et de développement économique soutenu.
La Journée mondiale de l’eau est ainsi un moment privilégié pour rappeler que l’eau n’est pas seulement une ressource essentielle pour la survie, mais aussi un vecteur de paix et de développement. En renforçant les partenariats entre les États, les ONG et les communautés locales, nous créons un réseau solidaire capable de faire face aux défis globaux liés à l’eau. La gestion durable des ressources hydriques nécessite une approche inclusive, où chaque acteur, qu’il soit citoyen, entrepreneur ou décideur, joue un rôle clé. En unissant nos forces et en partageant nos connaissances, nous pouvons non seulement garantir l’accès à l’eau pour tous, mais aussi préserver cet élément vital pour les générations futures. Cela témoigne de notre engagement collectif à construire un monde où l’eau est un bien commun, partagé et respecté.
- Comment l’Afrique du Sud peut assurer une gestion durable de l’eau: Stratégies Clés – October 21, 2024
- Pourquoi faut il une gestion durable de l’eau ? Enjeux vitaux dévoilés – October 21, 2024
- Journée Mondiale de l’Eau : Déclaration de Mme Mamounata BELEM – October 18, 2024